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Entretien Chorégraphique 

micadanses 16 09 2020   

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Mon cher Jean-Christophe

C’est avec plaisir que je reprends cette formule de politesse qui m’a bien servi lors de mes allers-retours au CN D, il y a quelques années. Cette fois-ci, l’aller-retour fut bref, sans transport et en compagnie. Pas encore au fait de la nouvelle disposition des passages piétons de la place de la Bastille. Je conviens que l’offre de traverser la place du faubourg à la rue Saint-Antoine pratiquement directement est plaisante. Encore faut-il se demander si nous passons à gauche ou à droite de la colonne. Histoire de ne pas se séparer. Il se pourrait, effectivement, qu’en se quittant, on se perde, on se cherche, tout autour. Il ne sera jamais question de supprimer la colonne pour une raison aussi banale. Certains y feront peut-être un nouveau terrain de jeu. Tout ça est une question d’espace et d’esprit. Nous sommes arrivés à bon port sans encombre. La courte durée du trajet ne nous a pas offert d’autres mémorables évènements. Nous voici donc dans la cour. Nous y sommes tous les trois maintenant. Installation spéciale et maintenant habituelle des gradins pour une plus grande protection. Le programme pouvait indiquer un certain ordre ou bien le hasard a inscrit tout d’abord l’entretien et le (ou les) caractère en second. Ce qui nous importe fera la seconde partie. Une première partie tout en fioritures. Des évocations stylistiques dans un accoutrement très 20-21èmes. Nous, c’est-à-dire le public, devons sortir de la salle. Question d’hygiène? Réinstallation? La réponse dans un quart d’heure. Les portes s’ouvrent de nouveau, nous pénétrons à nouveau. Le lino a disparu pour laisser place au parquet. Deux compères dialoguent. A tu et à toi. Nous entrons dans la matière, direct. Il s’agit bien de chorégraphie, une esquisse de chorégraphie à deux. Dans l’espace, en forme irrégulière, comme aurait dit Feuillet. Donc du baroque? Pas vraiment puisque l’un montre à l’autre et les deux décrivent le parcours dans l’espace en tenant conversation. L’interprète attentif aux explications du chorégraphe. Et oui, sans aucun doute, la présence du danseur est magique. Une question de peau? De placement ? De dos? De plaisir à être là? Le tout à la fois sans aucun doute et d’autres raisons ou bien aucune raison. Cela est. La tranquillité du chorégraphe réjouit le coeur et l’âme. En paisibilité et patience. En discours scientifique (modules), en indication dynamique (c’est le bras qui…, fermé) Les deux se présentent brièvement (heureusement...) et continuent leur entretien chorégraphique en nous y associant. Quelques apartés (bien que le chorégraphe entende tout) pour des illustrations de remise en mémoire d’anciennes expériences chorégraphiques et le déroulé de la nouvelle. Leurs grâces et leurs difficultés. Quelque chose de baroque avec toute l'expérience passée? C’est un acquis qui s’intègre au milieu d’autres. Au gré, spontanément. Ma question déjà posée: le texte? La réponse: pas comme on l’entend. Comme Feuillet et son art de d’écrire la danse? La réponse est sans doute plus complexe. Certainement une parole de chorégraphe Heureuse d’avoir, enfin, trouvé le temps d’écrire. Entre temps, m’était venu l’idée de "Entre tien" puis de « tien" et de "tiens j’ai dit tiens », chanson d’Higelin. Je n’en connaissais que le refrain… qui fait seul mon affaire.

 

Sylvaine Letellier

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